dimanche 17 novembre 2013

Napoli - Albergo del Purgatorio N°2



1.
Tout a commencé avec une carte postale.                                                                        
  « Je suis en chemin vers Sintra au volant d’une Chevrolet. Si à Paris, rien ne te retient, rejoins moi à Naples, jeudi 25 Avril à 15h. Laura t’ouvrira les portes du Palazzo Marigliano.                                                                                                           R.K. »                            
La carte représentait une âme du Purgatoire et, comme tout en elle était évocation, d’emblée elle m’a plu. Les initiales ne m’étaient pas inconnues. Elles signaient les différentes cartes et lettres que je recevais depuis un certain temps déjà et que je collectionnais dans un coin de mon bureau. Souvent je répondais et longtemps je me suis demandée si cette correspondance n’était pas seulement le fruit de mon imagination, car à dire vrai, je ne savais pas qui m’écrivait. Mais ces mots eurent l’effet d’une musique et lentement je me suis laissée emporter à rêver. J’ai fait mes bagages. Je n’ai pas cherché à comprendre. Après tout, je ne risquais rien et n’avais rien à perdre.

Naples me convenait, par sa beauté, ses couleurs, son excès de bruit, de mystère, de vie, de violence et de folie, son excès de tout.

Naples, la seule vraie capitale de l’Italie disait Stendhal. 

Le Palazzo était vide. En arrivant, Laura me remit une autre carte. D’ailleurs, Laura ne se souvenait pas avoir vu R.K.  Serait-il en perpétuel voyage ? À l’instar du personnage du film de Hitchcock, Kaplan, qui laisse volontiers les clefs de sa demeure à des hôtes privilégiés ? Je n’ai pas voulu demander si un jour elle l’avait croisé. Je me cramponnais à une certaine logique pour ne pas avoir peur de me perdre. Si R.K. n’existait pas, comment pourrait-il continuer à m’écrire ? Pur délire !

« Reste chez moi, vis là jusqu’à mon retour, sois mon invitée. R.K. »

Chaleur de Juillet. Mon cœur bondissait de joie. Depuis la terrasse du Palazzo, j’avais une des plus belles vues de Naples : l’ardeur des pierres, les échafaudages, rouillés et que se fissurent, le linge à sécher sur une corde entre deux balcons, les scooteurs zigzagant et une église livrée aux pigeons.  Obscène séduction.