vendredi 19 décembre 2014
mardi 16 décembre 2014
mercredi 6 août 2014
samedi 2 août 2014
Encre, graphite, papier. Ligne,
tracé, trait, contour. Le fusain circule, textures sinueuses creusées dans le
blanc du papier, fond en nuage, comme si baigné dans une solution aqueuse et rebondit
un peu plus loin en constellation. Dessins chargés, où toutes les formes sont
possibles, où les vides se justifient des pleins et où chaque dessin détient,
en prise de risque assumée, sa vérité temporaire. Ainsi oscillent, dans un extraordinaire
sens du mouvement, entre le très contrôlé et le très sensible, cartographies
teintés d’incertitude, des territoires presque invisibles de la botanique et
d’autres plus lointains de la Cosmologie.
J’ai fait la connaissance
de Isabel Correia sur une piste de danse un soir d’été. Lieu improbable, un
restaurant que l’on imagine volontiers ouvert à des heures irrégulières et
seulement le soir, avec un je-ne-sais-quoi commun à ces restaurants américains en
bord de route, comme ceux qu’on voit dans les films ou en photo, à défaut de les
voir en vrai. Apparemment uniforme, toit incliné, façades vitrées, isolé, comme
s’il avait échoué sur la marge du fleuve et d’où sortait une sorte de cri
lancinant de musique techno qui peinait à couvrir le vrombissement monotone des
voitures roulant à grande vitesse sur le pont. Isabel y dansait, sautant et
gesticulant énergiquement dans tous les sens, ici même, dans ce lieu au bord de
l’eau où dehors, emportés par la rapidité du Tage, les navires laissaient
derrière eux un trait noir charbon, creusé dans le reflet argent de la pleine
lune dans l’eau.
Au milieu de ce vacarme
et d’un dialogue animé je lui fais part de mes conversations ayant comme thème
le silence. Dessiner des lignes, des traits ou des tâches, imprime notre façon
d’être au monde. On peut griffonner du bruit ou tracer des silences. Très vite Isabel
déroule sa pensée comme si elle déroulait ses dessins J’ai tout d’abord songé à
la fatigue qui rend attentif, qui confère une attention particulière ou qui
peut réorienter le regard. Pas du tout. Pour le dessin, sa conviction, c’est
l’abandon pour laisser advenir. Sans silence pas de dessin. Conviction qui
l’anime et dicte son destin. Mon corps est le dessin, le monde est notre
dessin. Il faut donc avoir le courage de quitter le temporel, que les brumes matinales
se dissipent pour rétablir une vision claire. L’esprit passe, défile, illumine,
vagabonde sans jamais se fixer. L’impermanence, nature propre du vivant et le
principe d’incertitude, sujets de recherche dans l’œuvre de Isabel Correia, orientent
la méthodologie de sa pratique. S’engager dans la certitude, s’est échouer
lamentablement, dit-elle. Mais pour « être sans le vouloir » que la
pratique du dessin authentique demande, il importe que l’activité intérieure
soit au repos, il faut un chemin de paix intérieur, un silence qui ne perturbe
pas ce « laisser aller comme la vie va ». Un « sans-vouloir »
naturel, libéré de la pensée rayonnante, des automatismes de perfection, de la
préoccupation des apparences. Abattre les frontières entre le soi et le vivant
de toutes choses. Il s’agit bien de tout oublier jusqu’à l’abandon du moi pour
un temps. Alors, un échange incessant s’engage, extérieur – intérieur, un cycle
naturel de revitalisation. Cette conscience est silence actif.
Isabel Correia, qui puise
ses connaissances dans la pratique du bouddhisme et de la méditation ne me
contrariera pas, si je lui rappelle quelques paroles d’un maître cordonnier
d’un petit village en Allemagne du XVII siècle, Jakob Böhme, qui dit –
« Lorsque tu te tiens dans le repos du penser et du vouloir de ton
existence propre, alors l’ouïe, la vue, et la parole éternelles se manifestent
en toi… »
samedi 22 mars 2014
BOUTONS - la mode et les boutons, les bracelets
du 11 décembre 2014 au 13 avril 2015
L’exposition explore pour la première fois le rôle du bouton dans le vêtement dépassant souvent sa fonction utilitaire pour une fonction esthétique que chaque créateur invente avec subtilité. Ce projet est initié par l’acquisition d’une collection exceptionnelle de 3700 boutons datés du XVIIIe au XXe siècle pour la plupart, déclarée œuvre d’intérêt patrimonial majeur.Ce fonds, constitué par Loïc Allio, est sans doute aujourd’hui la collection de référence en France. Elle offre une vision complète de l’évolution de l’industrie du bouton et rassemble des pièces choisies une à une pour la qualité de leur exécution et de leur provenance. Anonymes ou boutons d’auteur, leur décor permet de retracer l’histoire et l’évolution des styles propres à chaque époque.
La série la plus importante de la collection est celle du sculpteur Henri Hamm (1871-1961), composée de 792 pièces. Des paruriers, comme Jean Clément (1928-1941) ou François Hugo (1941-1952) ainsi que des artistes comme Jean Arp et Alberto Giacometti, ont collaboré avec la célèbre créatrice de mode Elsa Schiaparelli. De la même façon, Maurice de Vlaminck a créé des boutons pour le couturier Paul Poiret. Citons encore les boutons de Francis Winter et Roger Jean-Pierre qui ont travaillé pour les plus grands noms de la Haute Couture tels Dior, Balenciaga, Mme Grès, Givenchy, Balmain et Yves Saint Laurent. Les femmes sont également représentées avec Sonia Delaunay et Line Vautrin.
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La série la plus importante de la collection est celle du sculpteur Henri Hamm (1871-1961), composée de 792 pièces. Des paruriers, comme Jean Clément (1928-1941) ou François Hugo (1941-1952) ainsi que des artistes comme Jean Arp et Alberto Giacometti, ont collaboré avec la célèbre créatrice de mode Elsa Schiaparelli. De la même façon, Maurice de Vlaminck a créé des boutons pour le couturier Paul Poiret. Citons encore les boutons de Francis Winter et Roger Jean-Pierre qui ont travaillé pour les plus grands noms de la Haute Couture tels Dior, Balenciaga, Mme Grès, Givenchy, Balmain et Yves Saint Laurent. Les femmes sont également représentées avec Sonia Delaunay et Line Vautrin.
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lundi 13 janvier 2014
Napoli, l'underground
5.
Et
pendant que Naples se fissure, la terre engloutit, la vie continue. En haut
comme en bas. Oui, tout ce dont nous voyons repose sur un vide aux dimensions équivalentes, parfois formes identiques, comme l’église des âmes du Purgatoire.
Sous terre, il y a des couloirs
immenses, qui permettent à la Camorra de s’enfuir, des catacombes où l’on
organise des expositions d’art contemporain, des cimetières où l’on caresse les
crânes des morts, et des grottes, immenses grottes, où l’on travaille ou où
l’on vit. Où l’on vit intensément, comme partout à Naples. La ville grouille de
projets, les uns les plus audacieux que les autres et des gens qui les animent.
Oui c’est l’époque de Noel, des dons et les Napolitains, habitués qu’ils sont à
vivre avec la Culture, soutiennent tous ces projets. Il y a ce citoyen qui, las de voir les monuments de son
quartier s’effriter, part faire du porte à porte, afin de réunir la somme
nécessaire à leur restauration. Il y a des artistes qui mettent une de leurs
œuvres aux enchères afin que le musée Filangieri, qui abrite une belle
collection privée, ouvre à nouveau ses portes. Il y a le crowdfunding, lancé
par l’architecte Antonio Giuseppi Martiniello qui a investi dans un Cloitre
abandonné, le Cloître Santa Caterina, exemple d’architecture Renaissance, dans
un quartier d’une valeur culturelle immense mais aussi d’une valeur humaine
unique : le quartier à côté de la Porta Capuana Il vient de l’emporter,
haut la main, chapeau, et a réuni la somme nécessaire à la réalisation d’un
toit en verre, pour ce lieu qui accueillera des activités culturelles,
artisanales et artistiques. Jimmie Duhram, qui, depuis son début soutient le projet
-Made in Cloister - y a déjà
installé son atelier. Et puis, il ya la vente aux enchères la plus
inattendue : la mise en vente au Palais de Justice des objets récupérés à
la Camorra, la liste est longue - peintures, sculptures, objets religieux, machines à écrire, violons, affiches - et
qui n’ont pas été réclamés ou retrouvé leur propriétaire.
Et partout
Naples. Entre un café, un capuccino, Naples. Toujours. Égoïstement je le dis
fort heureusement une ville délaissée par le tourisme de masse où, comme à
Lisbonne, dès qu’il se met à pleuvoir, les vendeurs de parapluie apparaissent
comme par enchantement.
À
peine arrivée, dans ce Palais du XVI, endommagé
par le bombardement des alliés et le tremblement de terre le plus récent et
qu’en dix ans je n’ai connu qu’avec des échafaudages, au salon où, on se plait à imaginer un bal dont la musique et
le froissement des robes longues s’entremêlent, forcément une ambiance très viscontinienne,
on me parle de Misia. La chanteuse, le Fado, son destin. Misia, l’envoutante,
la séductrice. Sa voix, sa sensualité, sa musicalité, la seule vraie
Napolitaine du film de John Turturro, les éloges ne manquent pas lorsqu’on me
parle d’elle.
Là où
je ne m’attendais pas, Lisbonne me rattrape. Et son destin avec.
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